De l’inventaire au Muséum durable et responsable
Le muséum durable et responsable, c’est tout d’abord s’interroger sur le choix des objets à inventorier et entrant en collection. C’est se fixer une ligne de conduite claire quant au devenir des objets, notamment ceux définis par l’ICOM comme « objets sensibles ». Depuis 2007, le Muséum de Rouen interroge ainsi la société sur la place et le statut des restes humains, tant du point de vue patrimonial qu’éthique, mais également sur la prise en compte des peuples autochtones et de leurs revendications qu’elles soient de l’ordre des demandes de restitution ou simplement d’avoir accès aux collections.
L’inventaire comme témoin des conditions de conservation du passé
L’inventaire et le récolement nous renseignent sur l’état des collections et permettent de déceler les conditions inadaptées devant nous inciter à repenser nos pratiques de conservation : c’est passer du tout chimique et d’une conservation curative à une conservation préventive dynamique. A Rouen, le grand écart entre les très mauvaises conditions de conservation dues à l’absence de chauffage et la surprenante « bonne conservation » des collections nous a amené à nous interroger sur les pratiques du passé quant à l’utilisation en grandes quantités de produits chimiques de traitement devant éviter les infestations.
L’inventaire comme témoin des pratiques du passé
Ce constat est à l’origine d’un programme de recherche novateur et ambitieux, dont les objectifs sont de détecter et d’analyser les produits chimiques utilisés tant lors des préparations des spécimens que lors des traitements successifs et de déterminer si des résidus de ces produits sont encore présents sur les spécimens et dans l’environnement muséal. Les prémices de ce projet ont fort naturellement été testés lors de la restitution de la tête maorie à la Nouvelle-Zélande, afin d’éviter que celle-ci potentiellement polluée ne contamine le sol lors de sa future inhumation.
Chaque partenaire, selon son domaine de compétence et ses objectifs propres, trouve un intérêt indéniable à ce projet et y apporte son expertise et des moyens techniques importants : recherche et formation des élèves ingénieurs pour l’INSA, recherche en conservation et restauration des collections spécifiques pour le C2RMF, études et analyses de l’impact de ces polluants peu étudiés dans l’environnement pour Air-Normand.
Vers un inventaire durable et responsable
Ce projet durable et responsable assure une meilleure connaissance des pratiques héritées du passé et améliore les conditions de travail et la prise en compte de la santé des agents.
En intégrant ces résultats aux inventaires et récolements, dans une sorte de « 19ème colonne virtuelle », nous construisons une traçabilité des polluants détectés et analysés tant au niveau des spécimens, que des vitrines et des bâtiments.
La transmission écrite de l’information et des actions entreprises, au travers de l’inventaire et du récolement, devient un investissement important pour le muséum, très éloigné de la logique d’antan principalement axée sur l’oralité. C’est toute la philosophie d’un Muséum durable et responsable. Les sociétés évoluent, le musée aussi.