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Galerie des continents

 

Après quinze années de silence, les collections ethnographiques retrouvent leur place dans la galerie des continents. À l’heure de la densification des échanges culturels, le Muséum de Rouen invite les peuples autochtones à investir une partie de ses galeries afin que ceux-ci sélectionnent des objets parmi nos collections des 19ème et 20ème siècles et leur redonnent vie.

 

DU TEMPLE…

Les objets ethnographiques du Muséum proviennent de dons de Rouennais, marins, rentiers, industriels ou commerçants. Depuis 1883, date de leur première exposition au public, la manière de les présenter a suivi les grands courants de pensée du 19ème siècle. D’abord, dans une perspective évolutionniste, pour les montrer comme derniers témoignages de tribus considérées comme survivantes de la préhistoire, amenées à disparaître puisqu’incapables de s’adapter à notre civilisation. Parfois comme trophée de guerre, témoignage héroïque d’une bataille sanglante avec l’autochtone, d’où le blanc est sorti vainqueur.

Enfin, comme objets de valeur collectionnés sur des critères esthétiques et artistiques  européens.

 

AU FORUM…

Aujourd’hui, avec la galerie des continents, la parole est donnée aux peuples autochtones afin qu’ils nous présentent les collections du Muséum comme objets ambassadeurs auprès des visiteurs. Parce que ces peuples n’ont jamais été aussi présents sur la scène internationale, nous donnons carte blanche à des artistes autochtones, afin qu’ils interprètent le Muséum et ses collections.

 

La Galerie des Continents : le Muséum durable et responsable au regard des collections ethnographiques 

La notion de Muséum durable et responsable s’appuie sur un principe simple : il faut se servir de ce qui fait l’héritage de l’établissement, son histoire, ses riches collections mondiales, son esprit du lieu, comme d’une force questionnant sans cesse le 19ème et le 21ème.  Par exemple, en lançant la démarche de restitution de la tête maorie en octobre 2007, nous voulions montrer que les Muséums sont des acteurs des questions de sociétés bien au-delà du petit monde des musées.

 

La restitution de la tête maorie du Muséum n’a jamais été vue comme une fin en soi, mais plutôt comme le début d’une histoire et la volonté de tisser des liens forts avec les communautés autochtones et les autorités néo-zélandaises. Elle se poursuit concrètement par la valorisation des collections ethnographiques de l’établissement selon une approche qui se veut novatrice.

 

Le Muséum de Rouen possède des collections ethnographiques importantes acquises au 19ème siècle. Lors de l’inventaire, nous avons constaté que nous n’avions que la vie et l’œuvre du donateur, rouennais, français et d’aucune façon le sens premier de ces objets au regard de la culture qui les a fabriqués. Aussi, nous avons décidé de travailler directement avec les communautés dont sont issues nos collections et de leur donner carte blanche dans leur valorisation, afin que ceux-ci soient ambassadeurs de leurs cultures.

 Chaque communauté choisit parmi nos collections les objets qui lui paraissent importants au regard de leur propre culture. Les communautés définissent les thématiques, rédigent les textes et valorisent artistiquement ce travail de coopération au sein de la Galerie des Continents.

Le continent Océanie 

A partir de 2011, nous avons travaillé sur les collections ethnographiques d’Océanie, en nouant des liens avec le Musée National Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande, et les communautés maories. Ils ont sélectionné les objets, défini les orientations, et pris la parole pour expliquer l’importance des objets au regard de leur culture. La muséographie pour ce continent est l’œuvre de George Nuku, artiste maori, qui présente les collections avec son regard et sa sensibilité.

 Nous avons poursuivi nos actions sur le continent océanien en accueillant Mundiya Kepanga, chef de tribu des Hulis de Papouasie. Depuis 2007, l’amitié entre l’établissement rouennais et la tribu des Hulis s’ancre dans des échanges liés au patrimoine, à la mort, aux revendications autochtones. Pour Mundiya, qui risque sa vie constamment dans son pays, le patrimoine est réservé aux riches. Sa culture et ses traditions disparaissent peu à peu, sous les actions de la mondialisation. Aussi, au nom de son village il nous a offert sa parure complète en 2012. Nous travaillons aujourd’hui au montage d’un projet humanitaire en collaboration avec le Centre Hospitalier Universitaire, l’Ecole de médecine et l’Espace Régional de Formation des Professions de Santé (ERFPS) de Rouen, avec l’objectif d’amener l’eau potable au sein du village.

Le continent Asie

Depuis octobre 2014, nous travaillons sur les collections ethnographiques asiatiques selon le même objectif. Nous travaillons directement avec l’Indonésie, Surabaya et deux artistes indonésiens, Agus Koecink et Jenny Lee. Ils ont choisi les objets à présenter, co-écrit les thématiques et les textes et eu une totale liberté dans la valorisation et la scénographie du continent au sein de la galerie.

Selon le même principe, et dans un futur proche, le Muséum présentera les collections ethnographiques des Amériques et d’Afrique au sein de la Galerie des Continents.

 L’atmosphère de la Galerie des Continents est étonnante, car chaque artiste a su mettre son art au service des objets pour en faire des ambassadeurs et donner une ambiance multi-culturelle. Le Muséum devient ainsi un vrai lieu de vie et de débat où le visiteur croise une délégation maorie en grande discussion avec un artiste indonésien et un chef de tribu papou. C’est toute la philosophie d’un Muséum durable et responsable. Les sociétés évoluent, le musée aussi.

 

 

©Muséum de Rouen